Le gouvernement n’en finit plus de tripatouiller l’audiovisuel. Après la suppression de la publicité après 20 heures, énorme cadeau aux chaînes privées, il a décidé de vendre la régie publicitaire des chaînes publiques à un consortium de proches du pouvoir.
Une vente injustifiable
Pourquoi diable aurait-on besoin de vendre la régie publicitaire de France Télévisions ? On pourrait également se poser la question inverse et se dire que finalement, étant donnée la croissance de notre endettement, le gouvernement n’a peut-être pas tort de récupérer un peu d’argent de la sorte. Après tout, il ne s’agit pas d’un actif d’une faible importance stratégique et une entreprise privée doit pouvoir faire le travail aussi bien que si la régie était restée au sein de France Télévisions.
Mais cette vision des choses est trop simple. En effet, cette vente pose de vrais problèmes car il s’agit de la privatisation d’un monopole. Et tout monopole privé, même le mieux encadré du monde, a souvent tendance à se transformer en rente pour son actionnaire, du fait de l’absence de concurrence. C’est pour cela qu’il n’est pas sain de privatisation la régie publicitaire de France Télévisions. C’est un nouvel épisode de la privatisation des profits et de la collectivisation des pertes…
Petits arrangements entre amis
Cette vente devient d’autant plus choquante qu’elle se fait au profit d’amis du président, ce qui créé un fort soupçon de conflits d’intérêt. Bien sûr, Stéphane Courbit a assuré sur Europe 1 « ne pas être dans le premier cercle de ses amis », mais cette façon de botter en touche peut vouloir dire qu’il fait partie du second cercle… Ainsi, il subsistera toujours un doute sur la transparence de cet appel d’offre, comme le suggère Omnicom sur Marianne 2.
Cet article montre également le rôle d’Alain Minc dans ce montage et il est difficile de ne pas trouver malsain que le conseiller du président de la République lui suggère la suppression de la publicité sur France Télévisions puis qu’il conseille les personnes qui rachètent la régie publicitaire du groupe. A dire vrai, je serai curieux de savoir quel profit sera dégagé et de pouvoir le comparer au prix qui a été réellement payé par Stéphane Courbit et le groupe Publicis.
Nicolas Sarkozy a doublement tort. Il a tort de vendre une partie de la télévision publique en situation de monopole, donc susceptible de se transformer en rente. Et il a tort de la vendre à des proches, ce qui pose inévitablement la question du conflit d’intérêt.
Laurent Pinsolle